Structure du dispositif pour les ENA* au Lycée de Léonard
de Vinci en 10 questions
1.
A qui s'adresse le dispositif ?
2.
Comment ces élèves sont-ils affectés et accueillis au
lycée ?
3.
Comment est conçu l'emploi du temps des élèves ?
4.
Comment le professeur du dispositif linguistique organise
t-il son travail ?
5.
Comment ces élèves sont-ils évalués ?
7.
Quels sont les résultats obtenus ?
8.
Quelle est notre politique de suivi pour les ex-ENA ?
9.
Quels sont, selon nous, les critères nécessaires à la
réussite de ce type de structure ?
10.
Quels sont les apports positifs pour l’établissement ?
*
: Elèves nouvellement arrivés
*-*-*-*-*-*-*-*-*-*-*-*-*-*-*-*-*-*-*-*-*-*-*-*-*-*-*-*-*-*-*-*-*-*-*-*-
Ce dispositif s’adresse à des
élèves de plus de 16 ans, venant de l’étranger, d’une structure scolaire
étrangère et dont la langue maternelle n’est pas le français. Ce dispositif
peut concerner une trentaine d’élèves au total dont quinze inscrits en 2nde
GT, et quinze en 2nde BEP, à raison de deux ou trois élèves par classe.
Pour qu’un élève soit inscrit en 2nde GT, on estime nécessaire
qu’il ait accompli au moins une année de lycée dans son pays d’origine, qu’il ait fait du français en langue
vivante ou qu'il vienne d'un pays où la langue de scolarisation est le
français. Cependant, il est arrivé que
certains élèves quasiment débutants en français soient intégrés juste sur
la base d’une personnalité et d’un profil exceptionnels.
Le groupe est d’origines culturelles très variées : Europe de l'est, Moyen-Orient, Asie et Afrique avec un groupe d’Africains francophones important : 50%.
Ces élèves sont affectés au lycée
par la cellule d’accueil des élèves nouvellement arrivés du CIO de Melun,
qui, après avoir fait passer des tests de positionnement en français, propose une inscription en 2nde GT ou en 2nde
BEP selon le niveau des élèves, le cursus antérieur et le projet
professionnel. Le test de positionnement en mathématiques se fait au lycée et
permet de confirmer la proposition d'inscription du CIO
Le proviseur du lycée, M.
PANTEBRE, travaille en étroite collaboration avec cette cellule d’accueil et
dispose des résultats au test de positionnement ; il ne confirme
l’inscription qu’après une entrevue avec l’élève accompagné de ses
parents ou tuteurs. Ce premier contact est indispensable pour évaluer la
capacité d’intégration de l’élève dans la structure proposée au lycée
et son éventuel placement dans l’internat de l’établissement si les
contraintes géographiques ou familiales sont trop lourdes. Il sert aussi à présenter
le fonctionnement du module à l’élève et les objectifs de la scolarisation
(préparer un diplôme en deux ou trois ans), pour l’encourager dans sa démarche
d’intégration et ainsi amorcer l’accompagnement individualisé qui suivra.
A la suite de son entretien avec l’élève, le proviseur adresse, aux
professeurs de la classe , au professeur de FLS ainsi qu’aux CPE, une lettre
les informant de la situation particulière de l’élève (parcours scolaire
antérieur, conditions d’arrivée en France, langues vivantes et options
suivies).Pour les professeurs de mathématiques et de français cette lettre est
accompagnée des résultats aux tests de positionnement dans ces deux matières
. Ensuite, chacun, à son niveau, doit prendre en charge l’intégration de
l’élève dans la classe et dans l’établissement : la vie scolaire
assure un suivi privilégié les premiers temps ; le professeur principal
présente l’élève à la classe qui a été avertie, dès la rentrée, de
l’arrivée probable d’élèves néo-arrivants au cours de l’année ; le
plus souvent, le choix d’un élève-tuteur est encouragé pour faciliter les débuts
dans la classe ; le principe du tutorat avec un professeur est possible
dans les mêmes conditions que les autres élèves. Quant au professeur de FLS,
disposant aussi de la copie des résultats aux tests du CIO, il prend tout de
suite l’élève en charge pour affiner l’évaluation et définir le nombre
d’heures qu’il suivra avec lui.
Ils sont intégrés au fur et à
mesure de leur arrivée dans les classes banales et bénéficient d’un module
linguistique en FLS pouvant aller jusqu’à 7 heures par semaine en 2nde
BEP et 9 heures par semaine en 2nde GT, selon leurs difficultés en
expression. Ils ne suivent donc pas tous les cours de la classe de rattachement
mais le module FLS est prioritairement placé sur des heures de modules,
d’options et de LV2, ou encore entre 12h et 13h 30, ce qui permet de limiter
les chevauchements avec des cours principaux. Certains élèves n’ont donc pas
de LV2 au départ mais ils la prennent l’année d’après. Bien souvent, il
s’agit de leur langue maternelle qu’ils suivent au CNED. Pour déterminer
l’emploi du temps de l’élève en FLS, une consultation entre le professeur
du module linguistique et l’équipe pédagogique est parfois nécessaire, l’élève
devant s’absenter de certains cours pour suivre le module de français. De
plus, l’emploi du temps instauré à l’arrivée de l’élève n’est pas
figé, il est susceptible de varier en cours d’année en fonction des résultats
et des progrès de chacun.
Le professeur de FLS a un total de 7 heures par
semaine avec les néo-arrivants inscrits en BEP et 9 heures avec ceux qui sont
en LGT. Il définit le nombre d’heures que chacun suivra, sans nécessairement s'obliger à garder les élèves de BEP et de LGT sur leurs horaires respectifs, constitue des
groupes de niveau (niveau 1 : débutant; niveau 2 : intermédiaire ; niveau 3 : avancé), et travaille selon le principe de l’individualisation et de
la flexibilité. Des élèves de BEP s’intègrent parfois à des cours de 2nde
GT pour des raisons pédagogiques ou des commodités d’emploi du temps. De même
des ex-ENA s’intègrent, à certaines heures, aux groupes de seconde et
quelques élèves non-francophones du lycée s’y rattachent également sur
l’ensemble de l’année scolaire. Le fonctionnement du module de FLS
s’adapte donc à l’hétérogénéité du public et à la variabilité des
effectifs d’une séance à l’autre. Cela suppose des séquences basées sur
la pédagogie différenciée avec un objet d’étude commun mais des activités
différentes selon les niveaux au sein d’un même groupe d’élèves, pendant
une même séance. Le suivi individualisé de l’élève est indispensable et
rendu possible par un effectif réduit à chaque séance. Il faut également
travailler en concertation avec les autres professeurs de français ainsi
qu’avec toutes les équipes pédagogiques qui doivent être associées à
l’intégration et à la réussite des élèves. La présence de cet enseignant
aux différents conseils de classe est souhaitable.
L’évaluation
de l’élève est faite par les enseignants de la classe dans chaque
discipline. Il n’est pas obligatoire de chiffrer les résultats dans un
premier temps. Tant qu’un professeur juge qu’un élève ne peut pas être évalué
comme les autres, une appréciation sur les progrès constatés suffit car la
progression des néo-arrivants n’est pas comparable à celle des autres élèves.
Ils sont parfois capables de progrès fulgurants mais tardifs dans l’année.
Pour tous les professeurs, c’est, au plus tard, à la fin du troisième
trimestre, que l’évaluation doit pouvoir établir la capacité à passer dans
la classe supérieure et les potentialités d’acquisition d’un niveau de
langue française conforme aux exigences de la filière choisie. Tout au long de
l’année et particulièrement lors des conseils de classe du 1er et
du 2ème trimestres, c’est la qualité des efforts fournis par l’élève
pour s’intégrer dans la classe, dans l’établissement et pour améliorer
son niveau. qui sera appréciée et valorisée.
L’orientation
est traitée hors réglementation habituelle et avec la même souplesse. Ainsi,
tel élève passera en 1ère à l’essai après quelques semaines en
2nde si l’équipe pédagogique est d’accord ; tel autre
pourra retourner en CLAD de collège après quelques semaines si le niveau est
trop faible.
L’ objectif de leur scolarisation est de les
aider à obtenir un diplôme français en deux ou trois ans au lycée, BEP ou
BAC, en leur proposant une intégration immédiate en classe banale et un
accompagnement spécifique et individualisé qui évoluera avec leurs besoins.
Le travail réalisé en module FLS rend compte de
la nécessité d’enseigner un français de scolarisation sans oublier celle de
familiariser aux codes culturels français. Il demande des interactions fréquentes
entre le professeur de FLS et les autres professeurs de toutes les disciplines :
intégrés en classe banale, les élèves ont besoin de cours de FLS faisant le
lien avec les autres matières, de même qu’ils ont besoin de professeurs de
mathématiques, histoire-géographie ou autres prenant en compte leur situation
particulière et leurs besoins spécifiques. Dans
l’établissement, le dispositif des élèves nouvellement arrivés est connu
de tous, il est présenté aux professeurs et aux élèves tous les ans comme
une mission de service public.
Dans un système ouvert comme le nôtre,
la formation des équipes est importante. Elle est assurée tous les ans pour
une vingtaine d’enseignants par un stage d’aide négociée avec le CASNAV.
Elle permet d’informer et de fédérer les équipes pour soutenir ce projet
qui est totalement intégré dans la politique de l’établissement.
Les élèves sont encouragés à
partager la vie de classe et la vie de l’établissement, notamment lors des
sorties scolaires et des actions dans le cadre de la politique d’établissement.
Nous organisons également chaque année une sortie à Paris pour le groupe
(avec visite du Musée du Louvre, de la Tour Eiffel et voyage en bateau-mouche).
Tandis
que, pour l'année scolaire 2002 - 2003, l’ensemble des élèves de seconde
sont passés à 71 % en classe de première,
ce taux a été de 83% pour l’ensemble des élèves néo-arrivants. Leur taux
de passage en 1ère S a été élevé et la majorité des élèves néo-arrivants
(88%) était encore scolarisée dans l’établissement l’année suivante. Malgré
les 12% d'élèves qui ont arrêté leur scolarité en cours d'année pour
diverses raisons, les résultats ont donc été très
positifs.
Pour plus de détails concernant les différents groupes, se reporter au document de suivi de cohortes détaillé par année.
Pour
consolider et compléter les acquis de la première année d’intégration dans
le système scolaire français, il est prévu un suivi des"ex-néo-arrivants"
l’année d’après,
voire l’année n+2 : si leur emploi du temps le permet, ils peuvent
s’intégrer dans un cours de FLS, sinon, ils peuvent bénéficier de diverses
actions de remédiation que propose l’établissement à tous les élèves dans
le domaine de la maîtrise du français ( cours de soutien en expression écrite
et SOS matières en français) . Suite à la demande de certains enseignants, il
est constitué un dossier de suivi des élèves néo-arrivants d’une
année sur l’autre pendant toute la durée de leur scolarité dans l’établissement ;
cela permettra, aux nouveaux enseignants du lycée, de mieux connaître ces élèves
et constituera un historique de leur progrès et de leur parcours .
Les
critères pouvant permettre la réussite de ce type de structure nous paraissent
être les suivants :
à
coordination
entre la cellule d’accueil du CIO et le proviseur de l’établissement sur
les conditions d’affectation des élèves au cas par cas ;
à
intégration
de ce dispositif dans le projet d’établissement et politique volontariste de
la part de la direction ;
à
qualité de
l’accueil de l’élève dans l’établissement, à tous niveaux ;
à
souplesse du
dispositif et individualisation de l’enseignement ;
à
enseignant du
module linguistique connaissant bien l’établissement et pouvant se rendre
disponible afin d’établir des liens suivis avec toutes les équipes pédagogiques
et avec l’administration ;
à
nombre limité
d’élèves par séance en module linguistique ;
à
formation
initiale et/ou continue des équipes ;
à
suivi possible
des élèves en année n+1 et n+2.
Le principe de l’intégration dans le cursus
ordinaire permet donc de placer l’élève tout de suite en situation
d’apprentissage réelle dans chaque matière ce qui est un bon moyen pour lui
de prendre conscience des objectifs et des exigences du programme. De plus, il
est toute la journée exposé à la langue française dans les différentes
disciplines et cette immersion linguistique lui permet de progresser plus
rapidement. Enfin, n’oublions pas l’intégration culturelle et sociale que
facilite un tel dispositif puisque l’élève étudie parmi d’autres élèves
français, avec qui il partage la vie de classe et la vie de l’établissement,
notamment lors des sorties scolaires et des actions dans le cadre de la
politique d’établissement. Mais cette
expérience enrichit aussi le quotidien et la réflexion des autres élèves et
des personnels. Les camarades de classe de l’élève néo-arrivant sont
souvent curieux de connaître son mode de vie et d’échanger sur sa culture et
ses pratiques sociales d’origine ; cela est parfois l’occasion de
remises en question, sinon durables au moins formatrices. Les enseignants sont
toujours impressionnés par la motivation, la volonté d’intégration et la
reconnaissance de ces élèves qui arrivent avec un autre regard sur le milieu
scolaire. Enfin, l’apport pédagogique est indéniable car l’intégration et
la réussite de ces élèves étant l’affaire de tous, chaque enseignant devra
s’investir pour modifier, compléter ou adapter ses pratiques ce qui profitera
à l’ensemble des élèves.